Monday, May 19, 2008

1613 : Lyon (France) - Meeting with two men dressed in black

Links between the modern "Men in Black" tradition and older narratives of meetings with the Devil or associates have been proposed many times. The following early 17th century moralistic story contains descriptive and narrative elements that could easily be linked to the modern tradition, without it being necessary to investigate whether the story is a true relation or a pure invention (which it most probably is). The most interesting piece in this document are thus the motives which can be extracted and compared to the current tradition.


Source:
Discours merveilleux et veritable, d'un Capitaine de la ville de Lyon, que Sathan a enlevé dans sa chambre, depuis peu de temps. Dedans lequel est contenu comme le tout s'est passé. Avec allegations d'Histoires sur ce subject. A Paris, par Fleury Bourriquant, 1613, pp. 9-13. [B.M. Poitiers, E183(2)]

DISCOURS
VERITABLE.

[...] Mais helas, ô horreur & frayeur ! la presente Histoire (tres-funeste & espouvantable) nous fournit un subject de ce que dessus, fort triste & lamentable, d'un de la fameuse cité de Lyon, lequel on nommoit le Capitaine Lyon, qui a esté enlevé du diable, entre dix et unze heures du soir, luy estant dans sa chambre, les fenestres & porte bien fermées: Cestuy-cy estoit de pauvre maison, presque inconnuë du commencement, & menuisier de son estat: mais estant porté d'ambition & d'orgueil, tascha d'advancer sa fortune à quelque hault degré; & quittant son mestier, s'addonna à suivre la guerre, qui estoit assez allumée en ce temps là, par la funeste ligue*: & en peu de temps (outre l'opinion commune) s'advança, sans qu'on se peust appercevoir par quel moyen il se haulsoit ainsi de jour en jour, en argent & habits de toutes sortes: tellement qu'il paroissoit, au grand estonnement d'un chacun, non pas un menuisier, ou soldat, mais comme un seigneur & grand renté gentilhomme: si bien qu'on ne parloit par la ville de Lyon, & és environs, que de ce Capitaine Lyon, qui estoit plus Capitaine de piaffe & d'orgueil, que d'armes et d'effect, changeant tous les jours de nouveaux habits, fort sumptueux: ordinairement aux tavernes, à l'exercice des cartes & des dez: l'argent en abondance, tout luy venant à souhait: heureux au jeu, ordinaire aux putains & garces, qu'il entretenoit magnifiquement, & à grands frais: brave, la moustache relevée, la queuë de cheveux pendante sur sa belle fraize, au bout de sa perruque noire, fendant l'air du bout de sa ronflante espée: bref, si plein de biens mondains & d'heur, que plusieurs portoient envie à cet imaginaire bon-heur, lequel estant arrivé à son plus hault & dernier periode, fut recognu non pas bon-heur, mais mal-heur, triste & desplorable: & a on recognu depuis que ces biens si soudainement arrivez, voire comme champignons en une nuict, estoient venus de mauvaise & illicite trafique, comme l'effect on a jugé la cause evidemment, à la veuë d'un chacun, par un hideux spectacle, qui fut tel comme s'ensuit. Le soir auquel prit fin ce bon-heur si miserable, il ferma les porte & fenestres de sa chambre: & comme il se despouilloit pour s'aller coucher, ayant dit plusieurs fois à sa femme qu'elle s'allast coucher, & elle n'y voulant neantmoins aller si tost, le voyant (outre sa coustume) fort triste, pensif & abbatu: sur ce on heurte à la porte de sa chambre, il ouvre, & voicy deux hommes habillez de noir qui se presentent, disans avoir quelque chose à luy dire: ayans parlementé ensemble, avec assez grand estrif, que la femme entendit, il se disparurentà l'instant: luy r'entra en la chambre, & ferma la porte, disans derechef à sa femme qu'elle s'allast coucher; ce qu'à son commandement elle fist: il se pourmena quelque peu par la chambre, souspirant profondement, & tout soudain ne fut plus veu, sans que porte ny fenestres fussent aucunement ouvertes: & ne resta pour enseignes de son despart & enlevement que son bonnet de nuict à terre, & ses pantoufles de chambre, qu'il avoit aux pieds: la pauvre femme demeurant toute estonnée, stupide & demy morte, ne voyant plus son mary, qu'elle venoit de perdre à sa veuë, tout soudainement cerche de tous costez, mais il ne fut plus trouvé, il estoit desja loing, il avoit des rudes charretiers qui le hastoient bien d'aller: Voila comme le diable, apres l'avoir contenté quelque temps, & repeu de vanité, l'a enlevé & mené où il a accoustumé de conduire ceux qui s'addonnans aux vanitez du monde, se donnent à luy, & luy font homage, luy donnans leur ame (qui est immortelle) pour du vent, de la bouë & de l'ordure. [...]

* : "funeste ligue" (the "funest league") here is an allusion to the Catholic League.


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